Fabrice Bothereau, 1999
Présentation d’atelier
Ateliers Oulan Bator, Orléans, 1999
Vous voyez un exemple de peinture épicurienne, de celle qui peint la matière. Peinture matérielle. Paradoxe ? Non si l’on pense qu’il est des peintres qui tendent à faire oublier leur matériau. Ici, c’est l’inverse, les deux œuvres affirment la matérialité. Composition et couleur. Et mises en écho, elles n’offrent pas le même état de réponse, pas le même état physique. On dira que la gouache représente le Mouvement. Œufs et ellipses se chevauchant, dans une quasi diaphanéité. Superposition jusqu’à la saisie d’une grappe; mais dans ce seul moment, peut-être. Parce qu’il s’agit d’un flux, très subtil. Une dynamique oppositionnelle (ellipses/œufs; lignes verticales/horizontales), tissage, incrustation ou apposition. Mais la gouache ne propose qu’un moment de son état. C’est donc un jeu d’apparition et de disparition. Le Mouvement est la «concrétion» de l’installation elle-même, comme si cette dernière « sautait » dans le plan vertical de la toile pour participer de l’agitation atomique des couleurs. L’installation serait alors le Repos de la toile. Impression renforcée par le fait qu’elle forme un dallage. En attente. La laque sèche et repose dans des cubes de bristol, l’œil saute de l’un à l’autre, sans pouvoir mixer l’ensemble. Les cubes non-finis sont peut-être les détails agrandis de ce que la toile homogénéise. Ils ne bougent pas. Ils gisent. En même temps ce blanc. Pourquoi les contenants sont-ils blancs ? Pour signifier les frontières, les limites de chaque couleur. L’autonomie. La question au carré de la couleur. On notera la relative artisanalité de la fabrication ; le désinvolte de la laque qui sédimente dans les bords, vagues à l’arrêt. Un mouvement, deux repos. Une agitation momentanée et une ancienne. Un silence et un bruit. Une présence plus une présence